Rentrée scolaire : surmonter son anxiété liée à l'apparence
Rentrée scolaire : surmonter son anxiété liée à l'apparence
À l’approche de la rentrée scolaire, la tension monte pour certains.es adolescents.es. Alors que le retour à l’école est synonyme de bonheur et de retrouvailles pour nombre d’entre eux.elles, il peut rimer pour d’autres avec anxiété sociale, jugement et discrimination. En effet, la stigmatisation liée au poids figure parmi les principales causes d’intimidation à l’adolescence.
Ainsi, 90 % des élèves québécois ont déjà été témoins d’intimidation en raison du poids d’une personne et environ 1 jeune considéré en surpoids par notre société sur 5 en est victime.*
Ce phénomène est d’autant plus fort que les jeunes voient leur corps changer rapidement. Le temps d’un été, les hanches de certaines filles s’arrondissent, les garçons grandissent si vite que leurs corps s’amincissent. Il peut être alors bien difficile d’affronter le regard et les moqueries de leurs pairs.
Voici quelques conseils de la Dre Stéphanie Léonard, psychologue spécialisée en image corporelle, pour vous aider à mieux comprendre pourquoi certains.es jeunes peuvent développer de l’anxiété par rapport à leur apparence et comment leur permettre de mieux vivre leur rentrée scolaire.
Pourquoi certains.es ados développent de l’anxiété par rapport à leur image corporelle à l’approche de la rentrée scolaire ?
La rentrée scolaire est une période chargée d’émotions pour certains.es adolescents.es. Appréhendant déjà la pression scolaire, les jeunes doivent également affronter un autre enjeu : le regard des autres. À un âge où les corps changent très vite, garder une image corporelle positive peut, en effet, être un véritable défi.
On note ainsi que la majorité des jeunes du secondaire sont insatisfaits de leur apparence corporelle, même si la moitié d’entre eux.elles ont un poids inférieur ou égal à ce qui est considéré comme normal, selon une étude de l’ISQ (2018). Les filles, en particulier, sont plus enclines à chercher à perdre du poids (31% contre 16%), tandis que les garçons sont plus enclins à vouloir prendre du poids (19% contre 6%), soit gagner plus de muscles.
Sans cesse soumis à des images de corps inaccessibles à travers les réseaux sociaux et les médias, les jeunes peuvent, en effet, progressivement développer une mauvaise perception d’eux-mêmes. Cela est d’autant plus vrai lorsque leur entourage a tendance à tenir des propos négatifs sur leur apparence ou celle des autres. Les ados peuvent ainsi avoir l’impression qu’ils.elles doivent correspondre aux stéréotypes physiques imposés par la société pour être acceptés.es et aimés.es.
En revenant à l’école, les jeunes sont ainsi à nouveau soumis à la pression du jugement de leurs pairs. En effet, les ados se comparent souvent les uns.es aux autres et chercher à correspondre aux normes de beauté populaires devient un enjeu important. Les commentaires négatifs ou les moqueries liés à l’apparence physique peuvent être particulièrement blessants et renforcer une mauvaise perception de leur corps.
Certains.es jeunes développent ainsi une image corporelle négative et peuvent avoir envie d’adopter des comportements nocifs pour leur santé comme :
- Faire des diètes dangereuses en limitant drastiquement leurs apports alimentaires.
- Pratiquer du sport excessivement, ce qui peut entrainer des blessures mais aussi des troubles hormonaux et cardiaques ainsi que des problèmes de santé mentale.
- Consommer des produits toxiques pour prendre de la masse musculaire ou des médicaments non contrôlés pour maigrir.
À terme, les ados peuvent développer de l’anxiété, de la dépression et des troubles de l’alimentation tels que l’anorexie ou la boulimie. Tout cela peut également affecter leur assiduité en classe et leurs résultats scolaires.
Comment faire pour aider son enfant à mieux gérer son anxiété liée à son apparence physique lors de son retour à l’école ?
Vous avez remarqué que votre ado avait tendance à :
- se dénigrer physiquement, se comparer aux autres,
- éviter de pratiquer certaines activités à cause de son malaise corporel,
- s’isoler, se replier sur lui.elle, être moins enjoué.e,
- changer ses habitudes alimentaires, éviter les repas en famille.
Ce sont peut-être les signes d’une anxiété liée à une mauvaise image corporelle chez votre jeune.
Même si votre premier réflexe est de chercher à rassurer votre enfant sur son apparence physique, il est plus aidant pour lui.elle que vous soyez à son écoute, sans jugement.
Évitez donc des propos tels que :
« Bien voyons, tu es super beau.belle… tu n’as pas à t’en faire ! » ou « Ne pense pas à ça; tu vas voir ça va bien aller. ».
Posez plutôt des questions pour bien comprendre ce que vit votre jeune et comment vous pouvez l’aider (ce qui lui ferait du bien). Reconnaissez également que la rentrée peut être un moment qui génère du stress et de l’inconfort pour lui.elle.
Des phrases telles que : « Je te comprends, ce n’est pas facile la rentrée. », « Je suis là si tu veux en parler. », « On va trouver des moyens ensemble pour que ça se passe le mieux possible pour toi. », lui apporteront du réconfort et du soutien.
N’hésitez pas aussi à lui rappeler que de nombreux.ses adolescents.es ont des difficultés à vivre leurs changements corporels. En plus de devoir faire d’importants efforts d’adaptation, ils.elles doivent composer avec des images de corps « parfaits » sans cesse véhiculées par les médias. Les industries de la beauté et de la mode tirent, en effet, d’énormes profits en exploitant les insécurités liées à l’image corporelle des personnes.
Pour l’aider à élargir sa vision de la beauté au-delà de critères stéréotypés, n’hésitez pas à lui partager des articles pour lui faire prendre conscience de son image corporelle et l’inciter à prendre du recul sur ses propres préjugés liés à l’apparence. Vous pouvez également l’inviter à se rendre sur le site « Bien avec mon corps » pour approfondir ses connaissances ou trouvez de l’aide. Pensez également à vous informer en consultant des articles dans notre trousse familles.
Essayez également de tenir un discours inclusif pour que votre ado comprenne qu’il n’y a pas de « corps parfait » et que chaque personne est unique et belle à sa manière. Adopter des habitudes de vie saines, manger équilibré, faire de l’exercice régulièrement et dormir suffisamment, aident avant tout à rester en santé et à entretenir un rapport sain avec son corps.
Enfin, plutôt que de vous concentrer sur l’apparence physique, misez sur les qualités intérieures et les compétences de votre enfant pour améliorer son estime de soi.
En conclusion, pour bien préparer la rentrée scolaire :
- Essayez le plus possible de mettre en avant les aspects de la rentrée perçus comme positifs par votre jeune. Ex : retrouver ses amis.es, reprendre son activité sportive ou culturelle préférée etc.
- Tentez de l’inciter à parler de son malaise avec ses amis.es. En ayant le soutien de ses pairs, votre ado se sentira plus fort.e pour affronter le regard des autres à l’école.
- Sensibilisez le plus possible votre jeune à l’acceptation corporelle en lui partageant différents contenus et en adoptant un discours inclusif.
- Mettez l’emphase sur les aspects non-physiques de votre ado qui sont positifs, inspirants et forts.
Bonne rentrée scolaire à tous.tes !
*Selon l’étude de la professeure Annie Aimé, de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) en collaboration avec l’Association pour la santé publique du Québec en 2018.
Accepter son corps malgré la pression : une vidéo pour votre jeune
Accepter son corps, ça signifie quoi au juste ? Quels sont les impacts psychologiques d’une image corporelle négative ? D’où viennent les critères de beauté et pourquoi est-ce si dur parfois d’aimer son corps quand il ne correspond pas à ces critères ?
Dans cette vidéo, la psychologue Stéphanie Léonard, spécialisée dans le traitement des troubles de l’alimentation, des comportements alimentaires et de l’image corporelle, donne plusieurs conseils aux jeunes pour les aider à développer une vision positive et élargie du corps et de la notion de beauté.
Découvrez 4 trucs pour avoir une influence positive grâce à la psychologue Stéphanie Léonard.