Lettre ouverte : N’oublions pas la santé mentale de nos jeunes

Lettre ouverte : N’oublions pas la santé mentale de nos jeunes

Nous vous partageons cette lettre ouverte, écrite par Mélanie Boucher, présidente directrice générale de la Fondation et Catherine Burrows directrice adjointe, publiée dans le Journal de Montréal.

Après plus de deux années de pandémie marquées par les mesures sanitaires, le port du masque, l’enseignement à distance et les fermetures et réouvertures successives des classes, la rentrée qui s’amorce annonce le retour d’une certaine normalité dans le milieu scolaire. Au premier coup d’œil, nos écoles primaires et secondaires retrouveront l’apparence qu’elles avaient avant que la COVID-19 ne vienne bouleverser notre quotidien en mars 2020.

Il s’agit là d’une excellente nouvelle pour nos jeunes, qui ont été parmi les plus touchés par les conséquences de cette pandémie.

Sauf que cette apparence de normalité ne doit surtout pas nous faire oublier la détresse psychologique qui habite et continuera d’habiter bon nombre de nos adolescents. Avec ou sans masque, la santé mentale de nos jeunes demeure fragile. On pourrait même dire qu’elle est plus fragile que jamais.

Dépression et anxiété en hausse

Bon an, mal an, la Fondation Jeunes en Tête rencontre quelque 50 000 jeunes de 11 à 18 ans à travers le Québec afin de les sensibiliser et de les outiller pour mieux faire face à la dépression et aux enjeux de santé mentale. Animés par de jeunes adultes qui comprennent leur réalité, nos ateliers aident les adolescents à développer et entretenir une santé mentale positive, prévenir l’anxiété et la dépression, ainsi qu’à demander de l’aide quand ça ne va pas.

L’expérience et les témoignages de nos animateurs et animatrices qui parcourent le Québec pointent dans la même direction. Depuis deux ans, de plus en plus de jeunes souffrent de symptômes d’anxiété ou de dépression.

Ces échos du terrain sont confirmés par diverses études parues au cours de la dernière année. Début 2022, une enquête de l’Université de Sherbrooke menée auprès de 33 000 jeunes observait notamment qu’à partir de 16 ans, «au moins la moitié des jeunes rapportent des symptômes d’anxiété ou de dépression modérés à sévères».

Une priorité nationale

La Fondation Jeunes en Tête s’active depuis plus de 25 ans à faire reconnaître la santé mentale de nos adolescents comme une priorité nationale, tant au sein de la population qu’auprès des décideurs publics. S’il y a un élément positif à retirer de cette pandémie, c’est qu’elle aura accéléré notre prise de conscience collective sur la gravité de cet enjeu. Jamais n’avions-nous autant parlé de santé mentale qu’au cours des deux dernières années.

Aujourd’hui, alors que s’estompent les conséquences les plus visibles de la COVID-19 sur nos vies, les préoccupations au sujet de la santé mentale semblent aussi en voie de diminuer, notamment au profit des préoccupations économiques. En cette rentrée scolaire et à l’aube de la campagne électorale, il nous apparaît essentiel de rappeler qu’en matière de santé mentale, la crise n’est pas terminée. Elle ne fait que commencer.

Certes, il sera amplement question d’inflation et de pénurie de main-d’œuvre, au cours des prochaines semaines. Mais nous osons espérer que la santé mentale de nos jeunes saura aussi se frayer un chemin parmi les enjeux les plus importants de cette campagne.

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