Fêtes de fin d’année :

Comment aider nos ados à garder espoir malgré l’actualité

Fêtes de fin d’année :

Comment aider nos ados à garder espoir malgré l’actualité

 

D’après une entrevue avec Nathalie Parent, psychologue, autrice et conférencière

Récession, licenciements, hausse du coût de la vie, guerres, réchauffement climatique : l’actualité de l’année 2023 a été bien chargée et n’a pas ménagé notre santé mentale. Avec la période des fêtes qui approche, il est possible que les rassemblements familiaux soient l’occasion d’échanges sur ce contexte difficile.  

  • Est-ce que ces conversations pourraient générer du stress pour votre ado ? 
  • Comment l’aider à prendre du recul face à celles-ci ?  
  • Existe-t-il une manière simple de parler de l’actualité sans tomber dans le fatalisme ou le cynisme ? 

Décryptage de la situation avec Nathalie Parent, psychologue spécialisée dans l’anxiété des ados. 

Est-ce que les jeunes peuvent être affecté·e·s par l’actualité ? 

Même si les ados sont exposé·e·s aux nouvelles, ils et elles n’en réalisent pas toujours l’impact comme les adultes pourraient le faire. Selon notre experte, de façon générale, les ados sont plus préoccupé·e·s par les défis de leur quotidien que par les événements extérieurs, ce qui ne les empêche pas de s’y intéresser occasionnellement.  

En effet, même si un fait d’actualité les touche directement (par exemple, un membre de la famille a perdu son emploi ou vit dans une zone de conflit), les ados vont tenter de se protéger émotionnellement en s’éloignant de la situation. Ils et elles vont ainsi passer plus de temps en dehors de la maison, avec leurs ami·e·s etc. Gardez en tête qu’il ne s’agit pas d’un manque de sensibilité, mais plutôt d’un mécanisme d’adaptation tout à fait sain. 

Nathalie Parent souligne cependant que certain·e·s jeunes, déjà de nature anxieuse, peuvent voir leur état s’aggraver face à des actualités angoissantes.  

Par exemple, lorsque vous écoutez les nouvelles à la télévision, votre ado peut :

🤐 Changer soudainement d’humeur et arrêter de parler
😬 Se ronger les ongles
🙆‍♂️ S’agiter nerveusement et se lever soudainement
❌ Se refermer
🚬 Augmenter sa consommation (fumer, aller chercher une boisson alcoolisée)
🎮 S’évader sur son appareil mobile ou via ses jeux vidéo

Si vous observez ces comportements, n’hésitez pas à engager la conversation avec votre ado :  

• Je vois que « Tout à coup, ton humeur a changé. Qu’est-ce qu’il se passe ? »
• « Est-ce que cela pourrait être en lien avec ce que tu viens d’entendre ? » 

En ouvrant ainsi la discussion et en écoutant votre jeune avec bienveillance, vous lui permettrez de se libérer de ses émotions et de vous rapprocher de ses préoccupations.  

Enfin, notre experte indique qu’il est préférable de ne pas montrer d’images violentes et choquantes aux jeunes ados (par exemple, des scènes de bombardement, des animaux calcinés après un incendie, etc.) et, quel que soit son âge, de tenir compte de la sensibilité de votre enfant avant de l’exposer à des images angoissantes.  

Comment aborder les conversations sur le contexte actuel durant le temps des fêtes ? 

Les rassemblements sociaux à venir sont des occasions de passer du temps avec vos proches. Il peut également s’agir de moments d’échange animés sur l’actualité brulante des derniers mois, des éléments pouvant toucher de près ou de loin votre famille et-ou vos ami·e·s. Certaines conversations peuvent ainsi être plus ou moins intenses ou dérangeantes et il est important de rester attentif·ve aux réactions de votre jeune dans ces moments-là. 

Nathalie Parent recommande ainsi d’observer son jeune pour détecter des signes d’anxiété. Si vous remarquez un comportement qui vous inquiète, n’hésitez pas à revenir sur les paroles prononcées avec votre ado, le lendemain de la fête. Vous pourriez ainsi lui demander ce que ces propos ont déclenché chez lui ou elle.  

En ouvrant ainsi la discussion, vous vous donnez la possibilité de mieux comprendre ce que ressent votre jeune et la réalité dans laquelle il ou elle évolue. Mais c’est aussi une occasion de le ou la rassurer.  

Par exemple, si un·e membre de votre famille a perdu son emploi, Nathalie Parent conseille de rappeler le contexte à votre ado. 

« C’est vrai que d’avoir perdu son emploi, ce n’est pas drôle. Mais nous sommes chanceux ici au Québec, car il y a une pénurie de travailleur·euse·s. Donc, il va tout faire pour retrouver un travail. » 

« Tu sais, il a reçu un chèque d’un gros montant pour la fin de son emploi (ou il recevra des aides du gouvernement). Cela va l’aider en attendant de trouver un autre emploi. » 

Ces réponses montrent à votre jeune qu’il existe des ressources pour dépasser une situation difficile. 

Toutefois, si vous anticipez que les conversations vont être lourdes, n’hésitez pas à préparer en amont des activités ludiques pour ramener l’attention sur des choses festives et agréables. Par exemple, vous pourriez proposer des jeux de société, un karaoké en famille, regarder un film etc. 

En dernier recours, vous pourriez simplement poser vos limites aux adultes participant à vos rassemblements familiaux. 

« On pourrait changer de sujet, c’est la période des fêtes. Moi, j’ai besoin que ce soit léger. Il y a des oreilles plus jeunes ici qui n’ont pas nécessairement besoin d’entendre ça. » 

« C’est vrai que c’est un sujet d’actualité, mais on est là pour avoir du fun. Je n’aurais pas de plaisir si on se lance dans ce sujet-là, peut-on parler d’un sujet plus léger ?» 

Comment agir pour redonner de l’espoir à votre jeune face aux actualités ?  

En dehors des rassemblements de fin d’année, si votre ado est touché·e par les nouvelles, pensez à lui en parler mais aussi à vérifier le contenu auquel il ou elle a été exposé·e afin d’en évaluer la pertinence.  

En effet, les jeunes ont tendance à s’informer par d’autres sources que les sites officiels de presse ou du gouvernement. Pour aider votre ado à avoir un avis complet et nuancé sur les faits d’actualité, n’hésitez pas à consulter avec lui ces sources d’information, parfois plus fiables.

Vous pouvez également lui expliquer comment les journalistes écrivent depuis toujours des titres choquants pour capter l’attention de leurs auditoires en utilisant certains mots, tels que : 

  • « L’heure est grave ! »,  
  • «Explosion du prix de l’essence ! »  
  • « Chaleurs extrêmes, incendies ravageurs ».  

Ainsi, si votre jeune vit de l’éco-anxiété, vous pourriez lui rappeler l’exemple du trou dans la couche d’ozone qui a été un sujet de préoccupation majeure il y a quelques années.  

Vous pourriez ainsi lui dire : « Ce n’est pas la première fois qu’on parle de problématiques d’environnement. Il y a quelques années, on ne parlait que du trou dans la couche d’ozone. Mais des moyens ont été mis en place et le trou s’est refermé. Le mieux, face aux problèmes, est d’en être conscient·e·s et d’essayer d’agir pour les régler ». 

Ainsi, face à la barbarie de la guerre, on peut rappeler à son ado qu’on peut soi-même tenter de faire le bien autour de nous. En cas de congédiement d’un membre de sa famille, on peut l’inviter à parler de la situation dans son entourage pour aider son proche à retrouver un emploi. 

Ces différentes stratégies ont un point commun : aider votre ado à comprendre qu’il ou elle peut reprendre du pouvoir sur sa vie en posant des gestes simples. 

Cependant, si vous-mêmes vous ressentez de l’anxiété face à l’actualité et que vous avez du mal à garder un discours d’espoir, n’hésitez pas à en parler à votre entourage et à demander de l’aide auprès d’un·e intervenant·e de votre CLSC, de votre PAE ou en contactant des lignes d’écoute pour les parents d’ados, comme la ligne Tel Jeunes au 1-800-361-5085.  

Enfin, pour aider votre jeune à garder une posture plus nuancée et équilibrée face aux enjeux complexes de notre époque, n’hésitez pas à valoriser les aspects positifs de son existence. Demandez-lui, par exemple, ce qu’il y a de positif dans sa vie et qui l’aide dans les défis de son quotidien (sa famille, ses ami·e·s, ses capacités etc.). De plus, indiquez-lui que chacun possède en soi une capacité à rebondir sur les événements traumatisants de la vie : les forêts savent se régénérer après un incendie, les personnes se remettent après avoir vécu des événements traumatisants, parfois en ayant fait appel à de l’aide extérieure. 

En lui montrant que face à la destruction, il existe aussi des pulsions de vie et de résilience, vous lui permettrez de croire qu’un bel avenir est possible.  

On peut vivre dans le monde tel qu’il est, mais cela n’empêche pas de tout faire pour créer le monde tel qu’il devrait être. – Michelle Obama 

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