ÊTRE UN MODÈLE POSITIF POUR L’IMAGE CORPORELLE DES JEUNES

ÊTRE UN MODÈLE POSITIF POUR L’IMAGE CORPORELLE DES JEUNES

Coauteure : Julianne Béliveau, étudiante au doctorat en psychologie, Université du Québec à Trois-Rivières

Les changements corporels associés à la puberté peuvent ébranler la relation que les ados entretiennent avec leur corps. Pour certain·e·s, la puberté éloigne leur apparence physique des idéaux de beauté et contribue à un sentiment de perte de contrôle. Le corps devient alors source de préoccupations. 

Lors de cette période de grands changements, les ados peuvent se tourner vers leurs proches pour savoir comment réagir face à leur corps. Sans vous en rendre compte, vous pouvez être un modèle pour l’image corporelle des jeunes qui vous entourent. Bien que les parents soient souvent ceux qui exercent l’influence la plus directe, grands-parents, oncles, tantes, parrains, marraines, enseignant·e·s, entraîneur·euse·s sportif·ve·s…Vous avez aussi un rôle essentiel à jouer !   

Voici quelques pistes et conseils pratiques pour vous aider à adopter les bons réflexes et exercer une influence positive sur les jeunes de votre entourage.

👀Découvrez plus bas une fiche mémo à télécharger pour savoir quelles attitudes et discours privilégier !

Revisiter ses croyances par rapport au corps 

Se sentir bien avec son corps n’est pas toujours facile, même en tant qu’adulte.  

Selon un récent sondage mené par le groupe ÉquiLibre, 65% des adultes québécois·e·s se disent insatisfait·e·s de leur poids1. Les messages véhiculés par la société à propos du corps nous affectent tous et toutes. Dès l’enfance, on peut entendre et internaliser qu’un corps mince et musclé est synonyme de beauté, de santé et de succès. La valorisation de ce modèle unique de beauté rend très difficile l’appréciation de son propre corps.  

Dans ce contexte, aider les jeunes dans leur rapport à leur corps peut s’avérer tout un défi.  

Commençons par faire le point sur nos préjugés ! 

❌Une croyance très répandue à propos du corps est qu’il est possible de le modifier pour correspondre à l’idéal de beauté. Le problème de cette croyance est qu’elle met en échec et responsabilise tous les corps qui n’y correspondent pas.   

De récentes études démontrent que le poids est plutôt déterminé de 50 à 75% par notre bagage génétique2. Contrairement aux croyances populaires, le poids n’est donc pas qu’une question de volonté ni un comportement à adopter. Les hormones, l’âge, le sexe, le stress, la génétique, les changements comme la puberté et la ménopause, la maladie, les médicaments, le statut socioéconomique sont tout autant de facteurs (hors de notre contrôle) qui peuvent influencer notre poids et l’apparence de notre corps. Certains phénomènes sociaux, comme la discrimination à l’égard du poids (aussi appelée grossophobie), peuvent aussi avoir des répercussions sur notre poids. En discriminant ou en se moquant d’une personne à cause de son poids, on contribue à un sentiment de honte et d’exclusion qui peut l’éloigner de l’adoption de saines habitudes de vie.  

Pour en savoir davantage sur les plus récentes données scientifiques concernant le poids et la santé, nous vous recommandons d’écouter l’épisode 194 – Poids et Santé avec Benoît Arsenault – du Sans-Filtre Podcast 

À l’ère des réseaux sociaux, les jeunes peuvent être exposé·e·s, en continu, à des images et des messages qui encouragent l’atteinte des idéaux de beauté et qui contribuent à une illusion de contrôle sur le corps (par exemple, certaines tendances TikTok).  

En tant qu’entourage, notre rôle protecteur est alors essentiel. Nous pouvons aider les jeunes à se sentir mieux dans leur peau notamment en : 

  • Diminuant l’importance accordée à l’apparence physique 
  • Et en misant sur l’acceptation de son corps 

Mais par où commencer ? Et que signifie réellement « apprécier son corps » ? 

APPRÉCIER CE QUE SON CORPS PERMET DE FAIRE

APPRÉCIER CE QUE SON CORPS PERMET DE FAIRE

L’appréciation corporelle réfère à l’expérience positive et fonctionnelle du corps, en opposition au fait de le voir comme une photo figée dans l’instant, qu’on pourrait modifier. En d’autres mots, apprécier son corps, c’est le voir comme une machine continuellement en mouvement et non comme une image. 

Apprécier son corps, c’est donc célébrer tout ce qu’il nous permet d’accomplir et de ressentir au quotidien : rire, bouger, manger, passer du bon temps en famille, etc.  

C’est aussi le respecter, être reconnaissant·e pour la santé qu’il nous offre et être attentif·ve et à l’écoute de ses besoins (par exemple : nourrir son corps à sa faim, manger des aliments qui procurent au corps de l’énergie et du plaisir, porter des vêtements confortables et adaptés à sa silhouette, prendre soin de son corps lorsqu’il est malade, fatigué ou blessé).  

Il ne s’agit donc pas d’être parfait·e, mais d’être sensible et bienveillant·e à son égard.  

👉 Par ailleurs, apprécier son corps ne veut pas dire nier qu’on a une apparence physique ou être entièrement satisfait·e de celle-ci. On peut apprécier les capacités de son corps ET être insatisfait·e de l’apparence physique de certaines de ses parties3. Par exemple : 

  • Une mère peut être insatisfaite de l’apparence de son ventre ET se sentir reconnaissante que celui-ci ait porté son bébé.  
  • Un adolescent peut se trouver plus petit que ses amis ET s’investir dans des activités sportives ou artistiques qui lui procurent du plaisir, de la fierté et qui misent sur son agilité. 

À l’adolescence, les études démontrent qu’apprécier son corps est lié à des meilleurs comportements de santé, dont une moins grande consommation d’alcool et une plus grande pratique d’activité physique4. De plus, les ados qui apprécient leur corps ont tendance à être plus critiques des idéaux de beauté et à les considérer comme étant nuisibles pour la santé5 

En tant qu’adultes, aider les jeunes à apprécier leur corps passe souvent par la remise en question du rôle de modèle qu’on souhaite leur donner. 

Fais ce que je dis, pas ce que je fais : un piège à éviter

Fais ce que je dis, pas ce que je fais : un piège à éviter

On peut parfois penser que nos paroles auront un plus grand impact sur les jeunes que nos actions. Or les ados, en pleine construction de leur identité, sont en réalité davantage porté·e·s à reproduire ce qu’ils et elles observent et à répéter nos comportements 

Par notre mode de vie, notre façon de penser, d’agir et d’interagir avec les autres, on peut alors influencer les comportements et prises de décision des jeunes, y compris la relation qu’ils ou elles développent avec leur corps.  

La bonne nouvelle, c’est qu’on vous offre ici des exemples concrets pour vous aider à prendre conscience et à vous défaire de certains réflexes pour influencer positivement l’image corporelle des jeunes. 

Se questionner avec bienveillance et curiosité sur la manière dont l’apparence physique est abordée ou mise de l’avant dans nos interactions quotidiennes est un excellent point de départ pour développer une meilleure relation avec son corps, et être un modèle positif pour les jeunes. 

Télécharger la fiche mémo « Attitudes à privilégier vs à éviter »

Ressources complémentaires

Sources

1Léger pour le compte d’ÉquiLibre. (2023) Préoccupations envers le poids, l’alimentation et la pratique d’activité physique. Sondage réalisé du 2 au 11 octobre 2023 auprès de 1 803 Québécois.es âgé.e.s de 14 ans et plus. 

2Gagnon, E., Girard, A., Gobeil, É., Bourgault, J., Couture, C., Mitchell, P. L., Bouchard, C., Tremblay, A., Mathieu, P., Michaud, A., Pérusse, L., & Arsenault, B. J. (2023). Genetic control of body weight by the human brain proteome. iScience, 26(4), 106376. https://doi.org/10.1016/j.isci.2023.106376 

3Tylka, T. L., & Wood-Barcalow, N. L. (2015). What is and what is not positive body image? Conceptual foundations and construct definition. Body image, 14, 118–129. https://doi.org/10.1016/j.bodyim.2015.04.001  

4Nolen, E., & Panisch, L. S. (2022). The Relationship between Body Appreciation and Health Behaviors among Women and Adolescent Girls: A Scoping Review. Health & social work, 47(2), 113–122. https://doi.org/10.1093/hsw/hlac006  

5Poulter, P. I., & Treharne, G. J. (2021). « I’m actually pretty happy with how I am »: a mixed-methods study of young women with positive body image. Psychology & health, 36(6), 649–668. https://doi.org/10.1080/08870446.2020.1820008