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LE SPORT : UN VECTEUR DE BIEN-ÊTRE POUR LES ADOS

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LE SPORT : UN VECTEUR DE BIEN-ÊTRE POUR LES ADOS

Coauteure : Véronique Boudreault, Ph.D., PsyD, professeure à l’Université de Sherbrooke et titulaire Chaire Aléo

À l’adolescence, période charnière où tout change – du corps aux repères en passant par les émotions – les défis sont nombreux. Et si l’une des clés pour y faire face se trouvait dans une activité aussi stimulante que le sport ? Bien plus qu’un moyen de rester en forme, la pratique sportive joue un rôle crucial dans le développement des jeunes et peut agir comme un véritable rempart contre la détresse psychologique 

Mais comment expliquer ces effets positifs ? Quelles compétences précieuses les ados développent-ils et elles sur les terrains, dans les piscines ou sur les pistes ?  

Plongez avec nous au cœur des bienfaits de l’activité physique sur le bien-être des ados dans ce premier article de notre série sur le sport et la santé mentale, en collaboration avec le CF Montréal. 

Au programme : décryptage avec Véronique Boudreault, Ph.D., et témoignages d’Éloi, 16 ans, joueur passionné de soccer, et de Félix Brillant, entraîneur à l’Académie du CF Montréal.

En collaboration avec le CF Montréal

À savoir

Dans le cadre du sport, la santé mentale peut être définie comme :  

Un état de bien-être dynamique où l’athlète peut réaliser son potentiel, donner un sens à sa pratique sportive, maintenir des relations interpersonnelles de confiance, gérer le stress lié aux exigences de la performance et prendre des décisions alignées avec ses valeurs. (Kuettel & Larsen’s 2020).  

Autrement dit, le sport peut contribuer à une santé mentale positive… ou au contraire, être un facteur de risque s’il est mal encadré. 

Selon une enquête de l’Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie (2022), 79 % des ados québécois·e·s de 12 à 17 ans pratiquent un sport, dont 38 % en contexte compétitif. Cette forte participation illustre à quel point le sport occupe une place centrale dans la culture québécoise et le quotidien des jeunes. 

QUELS SONT LES BIENFAITS DU SPORT SUR LA SANTÉ MENTALE DES JEUNES ? 

« J’ai commencé le soccer vers 5 ans, en même temps que le hockey. Puis un jour j’ai dit à mon père que je souhaitais juste jouer au soccer à l’année. J’étais déjà passionné et j’ai vraiment eu la piqure pour ce sport ! »Éloi, 16 ans, joueur U16 de l’Académie du CF Montréal 

 

MEILLEURE RÉSILIENCE ET GESTION DU STRESS 😬

La pratique sportive est largement reconnue pour ses effets bénéfiques sur la santé mentale des jeunes, en favorisant le bien-être psychologique et en réduisant les risques de troubles anxieux et dépressifs1-2 

Tout d’abord, faire de l’exercice physique entraîne une libération d’endorphines, des neurotransmetteurs qui contribuent à la régulation de l’humeur et à la réduction du stress, ce qui améliore le bien-être général3 

Avec une pratique régulière, ces effets s’accumulent et renforcent la résilience face aux aléas du quotidien. L’activité physique permet notamment une meilleure régulation du cortisol, l’hormone du stress, favorisant ainsi des réponses plus équilibrées dans les situations stressantes4-5. 

C’est un constat que partage Éloi : « Le soccer m’aide définitivement à gérer mon stress dans la vie de tous les jours. Le fait de participer à des événements d’envergure et de jouer contre des équipes de haut niveau m’aide à mieux anticiper les situations de stress. » 

Cette capacité à transférer les apprentissages du sport dans d’autres sphères de la vie est d’ailleurs souvent observé chez les jeunes sportif·ive·s. Pour Éloi, les bienfaits du sport dépassent largement le terrain : « Au final, me préparer pour un examen à l’école, ou un match de soccer revient au même. Mon sport m’aide à mieux gérer mon stress dans toutes les sphères de ma vie, dont les cours. Je suis rarement anxieux avant un examen, car j’ai l’habitude de ressentir ce stress et je sais comment le gérer en relativisant. » 

DÉVELOPPEMENT D’HABILETÉS SOCIO-ÉMOTIONNELLES 📈

La participation sportive est également associée à une meilleure santé psychologique globale, notamment en raison de son influence positive sur le développement des habiletés socio-émotionnelles6. Le sport constitue un cadre structurant dans lequel les jeunes apprennent à gérer leurs émotions, à faire preuve de persévérance face à l’adversité, et à adopter une mentalité de croissance7 

Ces apprentissages prennent une importance particulière dans un contexte compétitif, où la gestion de l’échec et la capacité à rebondir sont essentielles8. 

Félix Brillant, entraîneur de soccer, observe ces bienfaits au quotidien : « J’ai des jeunes qui réagissent assez bien à l’adversité. Je les trouve très souvent résilients et capables de relativiser après une défaite. Les joueurs restent positifs et sont capables de s’encourager lorsque cela va moins bien. » 

Selon lui, qu’il s’agisse d’une victoire ou d’une défaite, chaque situation est une occasion d’apprentissage : « Je vois du positif dans leur développement, que ce soit durant une défaite ou durant une victoire. Le sport forge les caractères ! » 

ACQUISITION DE COMPÉTENCES CLÉS 💪

Le sport de compétition constitue un environnement d’apprentissage riche, qui stimule les capacités d’adaptation et favorise le développement de compétences transférables au quotidien. Parmi celles-ci, on retrouve notamment : 

  • l’organisation 
  • la gestion des priorités 
  • la persévérance 
  • la gestion du stress 
  • le travail d’équipe9  

En plus de ces habiletés pratiques, la participation sportive contribue aussi à renforcer la confiance en soi. En apprenant à se fixer des objectifs progressifs et à les atteindre, les jeunes athlètes développent un sentiment de compétence et d’accomplissement10 

C’est ce qu’illustre bien le témoignage d’Éloi : « La discipline que le soccer me demande, comme m’entraîner chaque jour, m’aide à être assidu dans mon étude. Avec le temps et la pratique, j’ai appris que la procrastination à l’école, comme dans mon sport, ne m’aide pas. » 

 

FACTEUR PROTECTEUR CONTRE LA DÉTRESSE PSYCHOLOGIQUE 🧠

Un autre aspect central du bien-être mental lié à la pratique sportive est son rôle dans le renforcement des liens sociaux et du sentiment d’appartenance 

Les jeunes qui s’engagent dans un sport collectif ou participent à des activités sportives encadrées bénéficient souvent d’un réseau de soutien qui agit comme un facteur protecteur contre la détresse psychologique11 

Faire partie d’une équipe ou d’un groupe contribue à l’estime de soi et au sentiment d’auto-efficacité, tout en réduisant le risque d’isolement social.12 

Félix, entraîneur, souligne l’importance de ce cadre social : « Collectivement, le sport a un réel impact sur le sentiment d’appartenance que peuvent ressentir les jeunes. L’esprit d’équipe, l’entraide, l’encouragement, ce sont toutes des choses qu’on retrouve dans les sports d’équipe comme le soccer. On gagne ensemble, on perd aussi ensemble. On voit des joueurs soudés, qui ne se connaissent parfois pas au début de l’année et qui finissent super proches à la fin de la saison. » 

 

Il insiste aussi sur la responsabilité des coachs à préserver l’équilibre des jeunes athlètes : « Le fait de rester actif, de dépenser son énergie, ça ne peut que faire du bien mentalement. C’est notre rôle en tant que coachs par contre de nous assurer que ça ne tombe pas dans l’excès. On surveille la fatigue des jeunes et leur potentiel stress relié au sport. On veut leur faire comprendre que c’est une performance et que pour toute performance il y a un stress relié. C’est normal, et on est là pour les accompagner là-dedans. » 

Pour Éloi, ces liens sont concrets et bénéfiques : « En jouant au soccer, je me retrouve à être très souvent en équipe et à rencontrer de nouvelles personnes dans les tournois, par exemple. Je pense que ça me permet de développer ma sociabilité. Pratiquer le soccer avec de bons joueurs, contre de bonnes équipes, m’amène aussi beaucoup de motivation et de fierté. » 

En somme, la pratique sportive régulière ne se limite pas aux bienfaits physiologiques ; elle constitue aussi un levier puissant pour promouvoir une santé mentale positive, à condition qu’elle soit encadrée dans un environnement sain, équilibré et bienveillant envers le bien-être global des jeunes athlètes. 

QUEL EST LE NIVEAU D’ACTIVITÉ PHYSIQUE IDÉAL CHEZ LES JEUNES ?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande que les jeunes pratiquent au moins une heure d’activité physique modérée à intense chaque jour. 

Pas besoin de viser les Jeux olympiques pour en ressentir les bienfaits : bouger un peu chaque jour peut déjà faire une réelle différence. Que ce soit à la maison, à l’école, en jouant – à l’intérieur comme à l’extérieur – marcher, danser, faire du vélo, s’aérer… tout compte ! 

Ce qui importe, ce n’est pas la performance, mais bien la régularité… et le plaisir. 

LE REVERS DE LA MÉDAILLE

Si le sport est un vecteur reconnu de développement personnel et social, il est important de souligner qu’il peut aussi avoir des effets ambivalents sur la santé mentale 

Dans certains cas, une pression excessive, un encadrement inadapté ou une surcharge d’entraînement peuvent entraîner une détérioration du bien-être psychologique. 

📌Rendez-vous dans le prochain article de cette série, où nous aborderons les situations où le sport peut devenir une source d’anxiété, ainsi que les signes à surveiller pour prévenir la détresse psychologique chez les jeunes sportif·ive·s. 

COMMENT SOUTENIR LA SANTÉ MENTALE ET L’ÉQUILIBRE DES JEUNES SPORTIF·IVE·S ?

Le développement positif des jeunes athlètes repose sur un encadrement bienveillant, structuré et attentif à leurs besoins globaux. 

Parents, entraîneurs et professionnel·le·s de la santé mentale ont un rôle complémentaire à jouer pour favoriser une pratique sportive épanouissante, équilibrée et durable.  

🎯 Ce sera le cœur du troisième article de cette série, où nous explorerons des stratégies concrètes pour accompagner les jeunes dans leur parcours sportif tout en protégeant leur santé mentale. 

 

RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES

En collaboration avec

Sources

1Lubans, D. R., Richards, J., Hillman, C. H., Faulkner, G., Beauchamp, M. R., Nilsson, M., … & Biddle, S. J. (2016). « Physical activity for cognitive and mental health in youth: A systematic review of mechanisms. » Pediatrics, 138(3), e20161642.
2Eime, R. M., Young, J. A., Harvey, J. T., Charity, M. J., & Payne, W. R. (2013). « A systematic review of the psychological and social benefits of participation in sport for children and adolescents. » International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity, 10(1), 98.
3Dishman, R. K., Berthoud, H. R., Booth, F. W., Cotman, C. W., Edgerton, V. R., Fleshner, M. R., … & Zigmond, M. J. (2006). « Neurobiology of exercise. » Obesity, 14(3), 345-356.
4Gerber, M., Best, S., Meerstetter, F., Walter, M., Ludyga, S., Brand, S., … & Pühse, U. (2018). « Effects of stress and exercise on the cortisol awakening response: A narrative review and meta-analysis. » Psychoneuroendocrinology, 98, 97-110.
5Puterman, E., Lin, J., Blackburn, E., O’Donovan, A., & Epel, E. (2011). « The power of exercise: Buffering the effect of chronic stress on telomere length. » PLoS One, 6(5), e19663.
6Vella, S. A., Oades, L. G., & Crowe, T. P. (2014). « The role of the coach in facilitating positive youth development: Moving from theory to practice. » Journal of Applied Sport Psychology, 26(1), 33-48.
7Dweck, C. S. (2006). Mindset: The new psychology of success. Random House.
8Tamminen, K. A., & Holt, N. L. (2010). « A meta-study of qualitative research examining stress and coping among adolescents in sport. » Journal of Sports Sciences, 28(14), 1563-1580.
9Fransen, K., Decroos, S., Vande Broek, G., & Boen, F. (2018). « Leading from within: The relative importance of leaders’ structural, active, and passive team roles in predicting team identification, cohesion, and team confidence. » International Journal of Sport Psychology, 49(4), 293-312.
10Bailey, R., Hillman, C., Arent, S., & Petitpas, A. (2013). « Physical activity as an investment in personal and social change: The human capital model. » Journal of Physical Activity and Health, 10(3), 299-307.
11Holt, N. L., Neely, K. C., Slater, L. G., Camiré, M., Côté, J., Fraser-Thomas, J., … & Tamminen, K. A. (2017). « A grounded theory of positive youth development through sport. » Sport, Exercise, and Performance Psychology, 6(1), 19.
12Slater, A., & Tiggemann, M. (2011). « Gender differences in adolescent sport participation, teasing, self-objectification and body image concerns. » Journal of Adolescence, 34(3), 455-463.